Travaux moteur

Dès le départ, le moteur se montre capricieux, il démarre très difficilement à froid. Il faut dire qu’il n’est plus très jeune… 39 ans !
Il s’agit d’un yanmar 3GM30 à refroidissement direct eau de mer.
Les démarrages ont étés de plus en plus difficiles. J’ai d’abord pensé à un problème classique de batterie (ce qui m’a amené à les contrôler et changer les 2 de servitudes), puis à un problème de prise d’air. J’ai alors changé la totalité des durites ainsi que les joints cuivres sur les raccords banjos. Tant que j’y étais, j’en ai aussi profité pour changer le filtre a gasoil et le filtre décanteur.
Mais malgré ces opérations le moteur ne démarrait pas bien à froid (dès que le premier démarrage était passé, les démarrage suivants se faisaient sans difficultés). Il y avait une grosse fumée noire au démarrage signe de gazole non brûlé…
La situation s’est encore dégradée jusqu’à l’impossibilité de le faire partir.
Cette fois il me fallait l’avis d’un professionnel, j’ai donc contacté un mécanicien marine.
Nous nous sommes imaginé la pire des situations : un moteur de cet âge peut être considéré comme irréparable (si problème de segmentation par exemple) et le coût d’un remplacement est très élevé (sans compter la logistique et les heures d’installation associée). Pour se rassurer je me dis qu’il n’y avait pas présence de fumée suspecte (blanche ou bleu) et qu’il ne fait pas d’huile… nous verrons bien…
Le mécanicien est arrivé et avec un peu de start pilot et une purge au niveau de la pompe d’injection… hourra il est reparti ! Quel soulagement !
Il m’a par contre fortement recommandé d’effectuer un nettoyage complet du circuit d’alimentation en carburant.
Cette fois je ne peux pas l’éviter, le moteur est un élément de sécurité, il faut pouvoir compter dessus : c’est à dire démarrer au quart de tour.
Je vais donc détailler dans la suite de l’article les opérations que nous avons menées.
1/ Démontage et nettoyage du reservoir
Le réservoir fait selon le constructeur 85 litres (ce qui n’est pas énorme pour un voilier). Il est en acier inoxydable et se situe… dans la table à cartes.
Il a donc fallu dévisser puis décoller soigneusement tous les éléments de la table en essayant de ne rien abîmer. Par chance, il n’y a pas de stratification, il sera donc possible de le sortir du bateau.

Ensuite j’ai aspiré à la pompe manuelle le gasoil restant (environ 50 litres quand même) et débranché l’arrivée, le filtre décanteur, le tuyau de mise à l’air et la durite de retour. Le réservoir n’est fixé que par des équerres boulonnées.
Il ne restait plus qu’à le sortir !

Pour le nettoyer j’ai utilisé un karsher en le passant par le trou de la jauge à essence (malheureusement il n’y a pas d’autre ouverture disponible sur ce type de réservoir). Il n’était pas facile de décoller toute la boue gluante de gasoil accumulée avec les années ! Pour en venir à bout, j’ai trempé un pinceau dans de l’acétone au bout d’une perche et j’ai badigeonné les parois accessibles … Cela à pris beaucoup de temps, forte puanteur de gasoil.. mais le résultat final est plutôt satisfaisant.


Ce nettoyage était bien nécessaire ! Il ne reste plus qu’a laisser bien sécher et nous voilà reparti pour quelques années !
2/ Installation d’une nouvelle jauge :
J’en ai profité pour changer l’ancienne jauge complètement rouillée par les années et qui ne fonctionnait pas. J’ai acheté une jauge classique sur Amazon (potentiomètre avec flotteur de 33-240 ohm) qu’il a fallu dimensionner correctement à la forme du réservoir. J’ai préféré ce modèle plutôt que les jauge verticales car le réservoir n’a pas une forme standard.

L’objectif est d’avoir le balancier le plus grand possible sans que le flotteur ne soit perturbé par les parois du réservoir. En coupant la tige du flotteur et réglant la profondeur de la sonde on arrive à couvrir la quasi totalité du volume. Cette fois l’indication du carburant sera plus précise !
A noter : le réservoir étant triangulaire l’indication de la jauge ne sera pas linéaire ! Plus on se rapproche de la réserve, plus l’aiguille baissera rapidement.
Ensuite il a fallu revoir le système de fixation à 5 points. J’ai percé l’inox et taraudé pour pouvoir visser les 5 visses de maintien. Les anciens trous ont étés « bouchés » par des visse inox. Un joint caoutchouc viendra se positionner dessus pour assurer la bonne étanchéité.

3/ Nettoyage et tarage des injecteurs
Cette fois joker, je fais appel à Florent qui vient démonter les 3 injecteurs. Il va ensuite les nettoyer et effectuer le réglage. D’après la doc technique Yanmar, pour ce moteur la pression d’injection est de 170kg/cm2.
On notera le troisième injecteur avec de la suie autour, signe d’une mauvaise étanchéité. Pour le remontage, je me suis procuré de nouveaux joints nez cuivre (appelé aussi joints de chambre de précombustion).

4/ Entretien annuel
Passons maintenant à l’entretien annuel du moteur à savoir :
- Vidange et changement filtre à huile (j’ai utilisé de l’huile 15W40)
- Changements du filtre décanteur et du filtre gasoil
- Changement de l’impeller, je me suis rendu compte en démontant qu’il manquait une pâle sur l’impeller en place
- Changement de l’ensemble des durites
- Changement des anodes. Ecrous très difficile à sortir. Pour l’anode derrière le moteur j’ai démonté la plaque entière et changé l’anode directement sur l’écrou. Il aura fallu préalablement 1 nuit au vinaigre blanc pour dissoudre tout le sel accumulé. Pour les deux autres sur le côté je n’ai pas encore de solution…


5/ Les mésaventures
Bien sûr toutes ces opérations ne se sont pas passées facilement.
Tout d’abord, il a fallu gérer une fuite de gasoil située sur la durite de retour. La fuite était présente lorsque les injecteurs étaient démontés. Avec la houle l’ensemble du réservoir s’est progressivement vidé dans les cales.
Environ 40 litre de gasoil à pomper et une odeur imprégnant l’ensemble du bateau… génial !
Lorsque nous avons remontés les injecteurs je pensais que la fuite était réparée. Mais quelle fut ma surprise de constater 5 litres au fond de cale après 1 semaine d’absence. J’ai encore pompé et essayé de serrer au maximum l’écrou du tuyau de retour.
Malheureusement cela n’a pas suffit et il a fallu 5 resserrages successifs (avec à chaque fois le nettoyage associé) pour qu’a un moment…. cling l’écrou casse complètement…
Dans ce genre de situation le réservoir est plein, Charlie est avec moi et les 85 litres de gasoil se vident partout !
Situation d’urgence je scie l’ancien tuyau et je trouve une durite moteur souple que j’arrive tant bien que mal a passer et à serrer.
J’espère que l’opération tiendra. En tout cas je ne souhaite pas y retoucher de si tôt : j’ai encore du gasoil partout sur moi. Je prie pour que ce soit la dernière fois que je lève les plancher pour éponger le diesel !
Inutile de dire qu’il faudra quelques journée d’aération pour ne plus sentir cette odeur dans le bateau ^^
Dans la même lignée, visse de purge au niveau de la pompe à injection mal serrée. Un petit tour de tournevis et cling ca casse aussi. Heusement j’arrive a retirer délicatement le bout de la visse avant qu’il ne passe dans la pompe… et les injecteurs. A 200 bars j’imagine bien les dégâts…
La pièce est introuvable je bricole donc une visse de remplacement.
Auteur/autrice
thomas.dinnequin@protonmail.com
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